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Vis-à-vis est un mot qu'on voit apparaître au tout début du XIIIe siècle et qui est construit sur cet ancien mot vis, dont il ne nous reste en français moderne que le dérivé, qui est visage. Vis-à-vis peut être une préposition ou peut être un nom commun également. Il est composé comme un membre de phrase qui se serait figé en vol, avec trois mots qui se combinent pour n'en faire qu'un seul. On peut le décomposer -- vis-à-vis, c'est-à-dire visage contre visage, un visage regardant l'autre -- et cela nous donne une bonne idée de son sens : car il s'agit d'être en relation ou en comparaison avec quelqu'un : venir sans un cadeau, c'est indélicat « vis-à-vis de ces gens » qui m'accueillent chez eux ! On dirait aussi bien « à l'égard de ces gens ». Le terme s'emploie surtout avec des êtres vivants. Parfois il introduit des idées abstraites ou des choses : « vis-à-vis de son emploi du temps », ça risque de poser des problèmes. Attention, cet emploi est contesté en français. Vis-à-vis était également un nom commun : dans ce cas, il renvoie à une situation tout à fait concrète. Par exemple, à table, mon vis-à-vis, c'est celui qui est assis en face de moi. Et parfois, c'est même un objet, c'est l'immeuble qu'on aperçoit en regardant par la fenêtre ; si l'on a la chance d'habiter un appartement « sans vis-à-vis », c'est que la vue n'est pas bouchée, qu'on peut voir très loin devant soi. Enfin le vis-à-vis, c'est également celui qui occupe une fonction symétrique à la vôtre. Là, c'est un sens que l'on retrouve quand le mot est emprunté par certaines langues étrangères. Si le ministre de l'Agriculture a rencontré son « vis-à-vis » italien, c'est qu'il a rencontré son « homologue ». © SCÉRÉN-CNDP, 2012