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À quel point le « remembrement rural » français opéré après la seconde guerre mondiale a influencé la vie paysanne de 1950 jusqu'à nos jours ? Quels étaient ses objectifs ? Nicolas Sarkosy, dans son discours au salon de l'agriculture 2016 a dit : « Les agriculteurs pour moi ne sont pas des espèces en voie de disparition, et ce ne sont pas des cantonniers, les agriculteurs sont des entrepreneurs ! » Peu de temps après au micro de la matinale de France Inter, José Bové représentant la cause paysanne au Parlement Européen, a boycotté le Salon de l'Agriculture 2016 a déclaré : «quand on a un crise telle que celle ci, vouloir faire la vitrine, des beaux discours, des super vaches, des super robots de traite, la grande distribution, les fast food au salon de l'agriculture ; ce sont ceux là même qui tuent l'agriculture dans ce pays, et c'est eux qui vont être au cœur de ce salon. [...] C'est pas correct, d'être là, pour regarder ces belles choses, et en même temps de voir les paysans crever à l'autre bout de la France. [...] C'est indécent [...] On a plus de six cent suicides en agriculture en France tout les ans, on va faire une vitrine sur les super robots de traite, sur les nouvelles machines, là on se fiche des paysans, et c'est contraire à la résolution des problèmes. » REMEMBREMENT : « Notre production agricole, sur un sol en moyenne très riche et très varié, est susceptible de doubler son rendement par un outillage approprié, la sélection des cultures et du cheptel, le remembrement des propriétés » (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 453).Le génie rural a eu recours au travail de géographes pour le remembrement (Colloque géogr. Appl., 1962, p. 163). À l'issue de la Première Guerre mondiale sont adoptées les lois du 27 novembre 1918 sur le remembrement de la propriété rurale ainsi que la loi du 4 mai 1919 sur la délimitation, le lotissement et le remembrement des propriétés foncières dans les régions dévastées par la guerre. Sous le régime de l'autorité de fait de Vichy, la « loi » du 9 mars 1941 veut mettre en place un outil juridique plus rapide et facile à utiliser. Après la Libération, l’ordonnance du 7 juillet 1945 reprend l'objectif de simplification de la « loi » de 1941[2]. Au début du XXe siècle, une première loi instaure le remembrement mais elle remporte peu de succès. La seconde, de 1941, n'est elle-même que lentement mise en oeuvre. C'est entre les années 1960 et les années 1980 que le remembrement devient réellement intensif. Environ 15 millions d'hectares ont été remembrés à ce jour ; ces remembrements successifs ont affecté avant tout les paysages d'openfield et, dans un second temps, les paysages de bocages, supprimant près de 750 000 km de haies vives. Les régions sur lesquelles le remembrement s’est exercé à grande échelle étaient les régions les moins accidentées comme dans le nord de la France ou en Bretagne. Sur ces territoires, la suppression des obstacles physiques (haies, fossés, chemins) permettait de tirer le meilleur parti de la mécanisation des exploitations.