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Les assurances agricoles en Algérie connaissent une faible affluence de la part des agriculteurs, en dépit du nombre important de produits proposés sur le marché, à cause notamment des primes d’assurance jugées élevées par les agriculteurs ou à l’inadaptation des types d’assurance avec la nature de l’activité agricole. Le secteur agricole compte près de 75.000 assurés sur un marché comprenant entre 800.000 et 900.000 agriculteurs inscrits à la Chambre nationale d’Agriculture, soit un taux d’assurance de seulement 8 à 10 %. Le secteur agricole représente d’ailleurs une infime partie du chiffre d’affaires des assurances, estimée par le Conseil national des assurances (CNA) à un peu moins de 2 % pour les années 2010 et 2011. La problématique du faible taux d’assurance des activités agricoles a été posée à nouveau après les pertes enregistrées par le secteur suite aux intempéries qui ont marqué récemment le pays. Bien qu’elles ne soient pas obligatoires, les assurances agricoles sont indispensables pour mettre les activités agricoles à l’abri de nombre de risques comme les inondations, le froid, le verglas, les incendies, les tempêtes, la sécheresse et autres et assurer leur pérennité et leur élargissement à l’avenir, a souligné M. Chérif Benhabiles, Chargé des assurances auprès de la Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA). Si le manque de la culture d’assurance dans la société algérienne est le motif avancé par les sociologues pour expliquer la non souscription des agriculteurs aux assurances, nombre de ces derniers, rencontrés par l’APS, imputent cela au niveau élevé des primes d’assurance, à l’inadaptation des produits d’assurance avec la nature de leurs activités et le volume de la production, à la non prise en considération de la nature de la zone agricole et aux «faibles remboursements». Djelloul Meziane, agriculteur (70 ans) depuis près de 50 ans a expliqué sa non souscription aux assurances par le manque de moyens financiers pour payer les primes qu’il estime élevées. La majorité des produits d’assurances disponibles concernent uniquement les inondations et le verglas, «des dangers qui peuvent survenir une seule fois en l’espace de 10 ans», observe cet agriculteur qui exploite 17 ha de terres consacrées à la plasticulture, ajoutant que les agriculteurs ont besoin d’autres formules comme l’assurance des serres, qui n’est pas encore disponible sur le marché. «Bien que j’aie perdu 70 % de la production de pommes de terre en raison des dernières intempéries, je préfère ne pas souscrire à une assurance qui ne m’aurait pas de toute façon remboursé à 100 %», a-t-il lâché. Un autre agriculteur Boualem Bouguetaya (58 ans) qui est dans le métier depuis 1969 est du même avis, expliquant que les produits d’assurance disponibles ne sont pas adaptés à la nature de son activité, à savoir la culture de vignes. Il pense qu’il est préférable qu’on lui propose un produit d’assurance contre le sirocco, qui nuit à sa récolte durant l’été, plutôt que d’une assurance contre le froid qui ne constitue quasiment aucun danger pour sa production, selon lui.