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Député de l'Eure et ancien ministre de l'agriculture, Bruno Le Maire, quadra montant de l'UMP, enfile sa veste d'écrivain et consacre son premier roman à Carlos Kleiber, chef d'orchestre on ne peut plus mythique et personnage romanesque idéal. Un politique se DOIT de passer par la case littéraire ? Est-ce une obligation typiquement française ? Un fait d'arme nécessaire pour assoir sa crédibilité intellectuelle ? Nouveau député de l'Eure et ancien ministre de l'agriculture du gouvernement Fillon, Bruno le Maire n'en est pas à son premier livre. Mais "Musique absolue -- Une répétition avec Carlos Kleiber", qui parait chez Gallimard dans la collection L'Infini, est son premier roman. Un premier roman dont le héros est nommé dans le titre. Un être on ne peut plus mythique que ce Kleiber, véritable personnage romanesque pour cette relation si particulière à son père, le grand chef Erich Kleiber, pour l'étroitesse du répertoire abordé, pour ses innombrables annulations de concerts, pour cette fin de vie presqu'en demie teinte mais surtout pour ce rapport totalement unique à la musique... Dans son court texte -- juste cent pages -- dont le narrateur est un imaginaire violoniste octogénaire ayant bien connu Kleiber et qui finit sa vie à l'Hotel Hasler à Rome, Bruno Le Maire parle évidemment de musique mais aussi du rapport que l'Allemagne entretient avec les arts. Mais "Musique absolue -- Une répétition avec Carlos Kleiber" a surtout le mérite d'offrir un style. Une plume. Dans le domaine des lettres et de la littérature, l'ancien ministre âgé de 43 ans, diplômé de Sciences Po et de l'ENA, n'est pas vraiment un touriste : Normale sup' avec mémoire consacré à Proust et agrégation de lettres modernes dont il sort premier. Pourquoi donc un roman plutôt qu'un essai ? Pourquoi Kleiber ? Et, cette interrogation de départ : les politiques doivent-ils passer par cette case littéraire ? Propos recueillis par Marc Zisman