vue - Conférence sur la préservation des sols vivants

NOTES PRÉPARATOIRES DE VALO DANTINNE POUR LA CONFÉRENCE SUR LA PRÉSERVATION DES SOLS VIVANTS AU PARLEMENT EUROPÉEN A BRUXELLES SOLS VIVANTS ET SAINS: LA BASE D'UN SYSTÈME ALIMENTAIRE DURABLE Le sol vivant. Ce sol vivant a été créé par la coévolution des plantes, du sol minéral et des micro-organismes pendant des millénaires. C’est pourquoi il faut prendre le temps de réfléchir posément aux problèmes de l’agriculture telle qu’elle s’est développée, car les conséquences de nos actes peuvent avoir des répercussions sur le très long terme. Comme l’agriculture industrielle nous l’a appris, aux dépens du bien commun. C’est pourquoi je vous invite à prendre un peu de recul avec quelques réflexions sur l’histoire européenne de l’agriculture……et de la nature dont les hommes font partie.... Il y a 80.000 ans, lors de la glaciation de Würm, l’Europe est couverte de glaciers, hormis sur le pourtour méditerranéen. Conditions pédo-climatiques peu favorable à l’agriculture. Suite au réchauffement climatique (eh oui, déjà), les glaciers se retirent laissant la roche à nu. Les végétaux pionniers, lichens, mousse, puis petites fougères et petites graminées reconquièrent l’espace, recréant sur de faibles épaisseurs les premiers humus qui accueilleront d’autres végétaux plus gros, générant plus de matières organiques, plus d’humus. La végétation évolue, se densifie, se diversifie, se densifie. La forêt apparaît il y a 10.000 ans sous la forme d’une invasion de bouleaux, remplacés par les pins il y a 7.000 ans. La forêt se diversifie il y a 5.000 ans avec l’apparition de feuillus caducs : chênes, ormes, aulnes, tilleuls, et cetera…. L’Europe se peuple de forêts majestueuses du Grand Nord jusqu’aux bords de la Méditerranée. Pendant ces millénaires, le sol stocke d’énormes quantités de carbone sous forme d’humus, de complexes argilo-humiques ou organo-minéraux qui sont des produits de la collaboration entre végétaux et micro-organismes pour mieux exploiter les ressources minérales du sol. L’Europe se peuple alors de chasseurs-cueilleurs, nos ancêtres communs, nomades qui sillonnaient tout le continent et ont développé un commerce primitif, comme ceux du sel et du silex nécessaire à la confection d’outils et d’armes. Le changement de climat et de végétation a influencé la faune européenne, les gros animaux, comme le mammouth disparaissent. Les hommes se retournent sur du gibier plus petit, plus habile et plus difficile à chasser dans la forêt. Cette alimentation est marquée de disettes dues aux aléas de la chasse, surtout l’hiver quand il y a peu de récolte de végétaux possibles. Arrivent alors des peuples agriculteurs depuis le Proche Orient par le Danube à l’est et par la Méditerranée au sud, remontant peu à peu la vallée du Rhône au quatrième millénaire avant notre ère. Les immigrés apportent une solution aux problèmes de disette du régime chasseurs-cueilleurs : l’agriculture. Les populations autochtones adoptent rapidement ces techniques avec la culture qui l’accompagne (outillage, formes et ornementations des poteries). On retrouve de cette époque, ci et là, des traces d’érosion des sols dues aux premières cultures dans les vallées alluvionnaires, faciles à travailler avec les outils de l’époque. En -3.500, il y a 5.500 ans ! De cette époque datent les premiers villages fortifiés. On retrouve de nombreux squelettes au crâne fracassé ou la cage thoracique percée de pointes de flèches dans les sépultures, tels les dolmens et tumulus. La nature et les techniques agricoles naissantes ne garantissaient pas une alimentation régulière aux populations croissantes. Ce qui a entrainé la lutte pour les terres fertiles et colonisation de terres plus ingrates, aux climats plus rudes. Mentalité de guerres qui a perduré en Europe jusqu’à la moitié du XX°siècle. Mentalité qui a cautionné l’époque coloniale. La nature, jadis généreuse pour les chasseurs-cueilleurs, est désormais perçue comme hostile : -lutte contre la forêt et ses dangers, contre les plantes adventices concurrentes. On arrache toute plante que l’on ne consommera pas. -lutte contre les animaux, petits et grands, tous suspectés de convoiter les précieuses récoltes. On les tue tous sans discernement, y compris rapaces, serpents et autres animaux régulateurs des ravageurs des cultures......