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« Chez Julien », 2009-2010 Pendant plus d'un an, j'ai régulièrement visité Julien, un paysan qui vit « comme autrefois ». Quand j'ai rencontré Julien pour la première fois, j'ai été charmée par le personnage, son quotidien et ses prés authentiques. Il est né dans sa maison et n'a jamais quitté sa terre natale depuis plus de 60 ans. Ses bêtes et sa terre sont ses passions. Son seul regret est de n'avoir jamais été marié. « Les femmes n'ont jamais voulu vivre comme moi », m'a-t-il révélé. Depuis un an, je lui rends visite régulièrement. Il parle peu, mais l'expression de son visage nous dit le reste. Son frère vient l'aider pratiquement tous les jours. Dernièrement, ils viennent de perdre leur mère, devenue aveugle avec les années. Ils l'avaient gardée avec eux à la maison, jusqu'à son dernier soupir. Quand je viens chez lui, c'est comme retenir les dernières images d'un temps passé. Sa maison faite de terre semble fondre à mesure que le temps passe. Les granges où logent ses vaches et ses chèvres ressemblent à cette image biblique de la nativité. Il n'a ni télé, ni réfrigérateur. J'avais même entendu dire qu'un arbre poussait dans sa cuisine. Quand pour la première fois, après un an, il m'a ouvert sa porte, j'étais déçue de ne pas voir l'arbre. De multiples calendriers tapissent les murs, dans la cheminée, une soupe chauffe dans une vieille marmite. Ce décor me rappelle les paysans que j'aimais visiter pendant mon enfance en Bretagne. Il vit avec très peu de moyens, mais pour rien au monde il ne vivrait autrement. Comme disent les vieux paysans, « il a la terre qui lui coule dans les veines ». Chez Julien, ce sont tout simplement des scènes de vie, rythmées par les saisons et le temps qui passe.