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Lors de la période de la colonisation européenne de l'Amérique du Nord, on considéra les autochtones en retard technologiquement. Puisqu'il n'y avait pas de routes carrossables dues à leur méconnaissance de la roue. Mais en Europe, deux des plus grandes villes sont Amsterdam et Venise! Où les chemins sont faits d'eau. Et le Québec possède un bassin hydrographique qui constitue grâce à ces lacs et rivières un véritable réseau d'autoroutes dont l'artère principale est le Saint-Laurent. Au début du 19e siècle, en raison du blocus napoléonien, l'Angleterre ne pourra plus s'approvisionner en bois en Europe du Nord. L'Angleterre se tournera vers sa colonie d'Amérique du Nord, le Canada. La région de l'Outaouais sera le nouvel endroit d'approvisionnement de l'empire. La marchandise devait se rendre de l'Outaouais jusqu'à Québec pour y être embarquée dans des navires en direction de l'Angleterre. Comment faire voyager cette marchandise forestière jusqu'à Québec ? Par flottaison...sans routes et roues! On équarrissait le bois puis on assemblait avec 1500 à 2000 pièces de bois des radeaux appelés cages. L'entrepreneur Philémon Wright est le premier à envoyer ces cages en 1806 qui étaient en fait des radeaux faisant environ 60 pieds de large et 300 pieds de long et contenant 25 000 à 30 000 pieds cubes de bois. Les hommes qui voyageaient sur ces cages étaient appelés des cageux. Sur ces cages, on y retrouvait plusieurs abris qui servaient de coquerie, c.-à-d. cuisine, couchette pour dormir, chapelle pour prier et autres. Les cages ont emprunté la rivière des Prairies pendant près d'un siècle! Avant la construction de la centrale hydroélectrique entre 1928 et 1930, le niveau de la rivière des Prairies était beaucoup plus bas. En amont, à l'ouest de la centrale, le niveau de la rivière à monter d'environ 24 pieds, 8 mètres. Ce qui fit disparaître les rapides qui constituaient une épreuve supplémentaire pour les cageux. À Cartierville en empruntant le pont Lachapelle, on se retrouve à Laval dans le quartier Chomedey. Au temps des cageux, on y retrouvait le village de l'Abord-à-Plouffe. Les cageux avaient l'habitude de s'arrêter sur la terre d'une famille Plouffe avant d'affronter les rapides. Certains préféraient laisser aller les cages pour les récupérer un peu plus loin. Ainsi, il y avait toute une industrie secondaire reliée à cette activité le long des rives : transports et auberges. L'un des plus imposants rapides se trouvait près de l'île Perry dans le quartier Bordeaux. Ce rapide était nommé le Gros-Sault. Au 19e siècle, plusieurs agriculteurs à l'automne s'engageaient comme bûcherons pour l'hiver. Puis au printemps, ils étaient draveurs et cageux. Les cageux étaient des hommes rudes et ayant la langue vive à dégainer les jurons! D'ailleurs, au couvent des Dames du Sacré-Cœur, mère Bienvenue s'inquiétait de leurs mœurs. Elle alla leur rappeler de bien se comporter lorsqu'elle leur distribua des chapelets, des rosaires et autres outils de dévotions. Apparemment que les cageux qui avaient pris ces précautions eurent beaucoup moins d'accidents que les autres! Ces hommes rudes avaient parfois l'habitude de régler certains différends d'une certaine manière. Le surnom qu'avait le boulevard Lévesque nous en donne indice : le rang de batailleurs! Jos Montferrand est le plus célèbre des cageux en raison de son adresse, de son courage, de sa force et de ses mémorables combats! Dans le quartier Rivière-des-Prairies, on y retrouve une maison datant du début du 19e siècle qui a été une auberge à l'origine. On dit que Jos Montferrand s'y serait arrêté! Le chemin de fer viendra mettre fin à cette épopée des cageux. La dernière cage à descendre la rivière des Prairies était 1892. Pour le 300e anniversaire de la ville de Québec en 1908, une cage fit un voyage symbolique. Merci à Dave à la caméra www.stephanetessier.ca