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Yvon Troadec, goémonier et représentant des pêcheurs goémoniers bretons nous embarque sur son navire Saphir. Il est 4 heures du matin dans le port de Lanildut : cap vers le plus grand champ d'algues d'Europe dans l'archipel de Molène. Ce lieu de récolte situé à la pointe Bretagne dans le Finistère, au cœur du Parc naturel marin d'Iroise. Yvon nous explique sa technique de pêche avec un crochet, appelé scoubidou, sur lequel il enroule l'algue recherchée, la Laminaria Digitata. Le Goémonier nous explique comment cette récolte est gérée de façon durable depuis des dizaines d'années, ce qui permet à cette filière d'être rentable et de générer des milliers d'emplois en Bretagne. A quelques kilomètres du site de collecte à Landerneau, Erick Marec, directeur de l'usine Danisco groupe Dupont, nous parle des applications industrielles faites avec cette algue. Il faut en extraire un de ses composants, l'alginate, qui sera ensuite utilisé dans l'industrie alimentaire ou pharmaceutique. Le reste de l'algue servira comme engrais pour l'agriculture. Yannis Turpin, agent du Parc naturel marin d'Iroise, à la pointe des Renard sur la commune du Conquet, nous montre l'étendu et les limites du Parc, créé le 28 septembre 2007. C'est le premier parc naturel marin français. L'historique de la création du Parc a connu plusieurs époques : une prise de conscience de la nécessité de protéger la mer d'Iroise, la volonté de créer un parc national et enfin, la nécessité de définir un nouvel outil de protection : le parc naturel marin. Cette phase de création a duré plus de quinze ans. La collecte des algues est un bon sujet pour expliquer comment fonctionne un parc naturel marin nous déclare Pierre Maille, président du conseil général du Finistère et président du Parc naturel marin d'Iroise. Le rôle du parc marin : mettre autour de la table des scientifiques, des associations de protection de l'environnement, des élus et des professionnels de nature différente qui travaillent dans le périmètre du parc et qui ont parfois des conflits d'usage. Lors de ces conseils de gestion qui se réunissent périodiquement aucun des membres n'est majoritaire à lui seul et personne ne peut imposer sa loi aux autres. Au contraire, tous doivent ensemble construire du consensus pour proposer des décisions : c'est la philosophie d'un parc marin. Une nouvelle algue plus profonde, la Laminaria hyperborea, est ciblée par les pêcheurs et les industriels en utilisant le peigne à hyperborea, dit peigne norvégien. Cet outil de récolte agit par arrachage selon un procédé adopté en Norvège. Un travail de mesure de l'impact du peigne à hyperborea a été mis en œuvre par le Parc naturel marin. L'étude a été réalisée avec l'aide de l'Ifremer, de la station biologique de Roscoff, du Muséum d'histoire naturelle et des structures professionnelles. Conclusion, la bonne sélectivité du peigne autorise une recolonisation du site en quelques années et a assez peu d'impact sur les espèces associées. Une exploitation durable est donc possible dans l'archipel de Molène. Pour aborder l'aspect patrimonial de la récolte des algues, Jean-Yves Gourmelon, adjoint au Maire de Lanildut, nous fait visiter un four à goémon et nous enseigne que durant des siècles, le goémon a servi d'engrais dans les champs. Le maire de Lanildut, Raymond Mezalla, nous présente ensuite la maison de l'algue, fondée en partenariat avec le Parc naturel marin d'Iroise, et qui propose depuis juin 2011 un espace de valorisation des algues de l'archipel de Molène. A travers différents panneaux thématiques, films, maquette, cette exposition permanente plonge les visiteurs dans l'univers des algues et les aide à comprendre l'évolution des techniques de récolte, de transformation, la vie du port de Lanildut et des goémoniers. Enfin, on assiste avec des visiteurs et une animatrice de la maison de l'algue, Camille Forest, à une dégustation de produits fabriqués à base d'algues (d'autres algues que celles récoltées par les goémoniers). Pratiquée depuis plusieurs siècles, la collecte du goémon a participé à l'essor de l'économie bretonne et représente encore aujourd'hui la première activité en Iroise en termes de volumes débarqués. L'activité goémonière fait aussi partie des paysages et de la culture maritime de l'Iroise que le parc naturel marin travaille à conserver. Source : www.parc-marin-iroise.fr/Peche-Economie/Peche-et-aquaculture/Pecheurs-embarques/Goemonier