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En mai 2011, je débutais l'écriture de mes rubriques culinaires sur mon site et j'avais consacré à Gilbert Calhac quelques lignes. Dimanche après-midi 19 février 2012, Gilbert s'est arrêté brusquement de gravir l'échelle de la vie en chutant accidentellement d'une autre, moins virtuelle celle-là, hélas. Il était devenu depuis un jour de septembre 2001 "ma" référence en matière de joie de vivre quand je m'étais rendu compte des difficultés inhérentes à son dur métier d'éleveur/agriculteur. Il n'avait pas besoin d'un slogan éculé pour travailler plus. Car pour lui, son surcroît de travail, ce n'était pas forcément pour gagner plus mais c'était surtout vital, juste pour vivre décemment. L'élevage des veaux de lait, au stade artisanal auquel il le pratiquait, n'était pas des plus rentables, notamment quand on fait à la fin de la journée le compte de toutes ses heures travaillées. En effet, contrairement à la paperasse administrative à laquelle moi "petit fonctionnaire" j'étais confronté journellement (et qu'on peut reporter au lendemain, voir plus), les bêtes, elles, n'attendent jamais. La tétée du matin à 6 heures/6 heures 30, on ne peut pas la remettre à plus tard. Idem pour celle de 18 heures/18 heures 30. Et ce n'était pas hélas sa seule activité de la journée. A 8 heures, il fallait qu'il se prépare à assurer le transport scolaire des élèves du canton, des élèves qui, comme tous les gens d'ici, l'aimaient beaucoup. Rebelote en fin d'après-midi pour les ramener chez eux. Entre-temps, il assurait le travail des champs et une foultitude de petites activités rattachées à son métier d'éleveur qui étaient son quotidien. Oui, je dis bien son quotidien, car les animaux n'ont ni samedis, ni dimanches, ni jours fériés, et encore moins de congés annuels ou d'ARTT ! A cela, venaient se greffer les petits bobos inhérents au côtoiement journalier des vaches. Car ces bêtes à cornes, elles ne sont pas toujours commodes. Elles font parfois des écarts ou donnent des coups d'arrière-train et ça donne par exemple trois côtes cassées. Quelques jours plus tard étant de passage au Colombier, Gilbert me demandera de ne pas le faire rire comme j'en avais pris l'habitude à chacune de mes visites. Mais on ne remise pas facilement ses bonnes habitudes au vestiaire et si mes plaisanteries lui ont un peu secoué ce jour-là son sternum, il m'a vite pardonné mon excès de bonne humeur ... En cet après-midi du mercredi 22 février 2012, ils étaient nombreux, très très nombreux, entre 500 et 600 copains et amis qui le pleuraient et qui lui ont témoigné leur affection. Ils n'avaient pas tous réussi à trouver une place à l'intérieur de cette église Saint-Médard de Mourjou devenue subitement trop petite pour les accueillir. Alors, ils se sont rassemblés sur son parvis où ils étaient aussi nombreux. Après la traditionnelle messe où l'émotion et la douleur étaient présentes, ils sont tous passés devant son cercueil pour lui dire un dernier adieu, lui tirer une dernière révérence. Cet hommage a duré plus de 40 minutes ... La Châtaigneraie, ta Châtaigneraie mon cher Gilbert, est aujourd'hui orpheline. Elle n'entendra plus jamais le son de ta voix et ton accent chantant particulier qui me réjouissait dès que je l'entendais, cette voix toujours joyeuse. Nous, nous avons perdu beaucoup plus qu'un ami. Je pense souvent aujourd'hui à Odette & à Rémy, à Didier son frère et à toute sa famille, cruellement frappés par cette injustice. Mais qu'ils soient assurés que je continuerais à adresser au Colombier ces petites cartes postales qui le faisaient voyager et dont à chaque réception, il s'empressait d'en informer Louis-Bernard Puech. Adieu Gilbert et reposes en paix ... et que cette vidéo permette à celles et ceux qui t'aimaient de te voir, te revoir, t'entendre et te retrouver de temps à autre, histoire que ne s'éteigne jamais la flamme de la vie qui t'animais chaque jour et de ne pas refermer les pages du livre de l'oubli.