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Bref aperçu historique Différents chiffres circulent quant à l'importance numérique de la communauté polonaise de France. On parle de cinq cent mille à un million de Polonais et Français d'origine polonaise répartis sur quatre générations, dont la moitié serait installée dans la région du Nord-Pas-de-Calais. Cette forte présence polonaise en France est l'héritière d'une succession de flux migratoires d'inégale densité : La première vague est celle de la "Grande Emigration" liée à l'Insurrection de Novembre 1830. Numériquement la plus faible avec environ trois mille cinq cents personnes définitivement installées - essentiellement à Paris et dans ses environs -, elle comptait en son sein de nombreux et éminents représentants des arts et des lettres polonais (Chopin, Mickiewicz...) qui créèrent des institutions aujourd'hui historiques, et assirent une grande tradition. La deuxième vague, de loin la plus massive, remonte au début du XX° siècle, avec l'arrivée de mineurs polonais de Westphalie et de Rhénanie. Après la signature en 1919 d'une convention d'émigration entre la France et la Pologne, des centaines de milliers de paysans, de mineurs et d'ouvriers vinrent travailler dans les régions minières françaises (charbon du Nord, fer de Lorraine, potasses d'Alsace) et les secteurs agricoles (en particulier dans le centre du pays). De 1919 à 1931, la population polonaise passa de quelques dizaines de milliers de personnes à demi-million. En 1939-40, des militaires qui avaient réussi à échapper à l'encerclement, gagnèrent la France où, sous la direction du général Sikorski, se reconstitua une armée polonaise. Une partie fut évacuée en Grande-Bretagne (l'Armée Anders), l'autre resta sur le sol français pour prendre une part active à la Campagne de France et/ou s'engager dans la Résistance. En 1944-45, une nouvelle émigration se dessina avec l'arrivée des personnes déplacées (D.P), anciens prisonniers des camps allemands et restes des armées polonaises. Malgré des retours collectifs organisés dans les années 30 par des charbonnages français en crise, et le rappel des mineurs de France par un gouvernement polonais soucieux, entre 45 et 48, d'employer ses forces vives dans les mines de Haute Silésie qu'il avait nouvellement annexée, l'émigration polonaise de France avait atteint un seuil qu'elle ne devait plus dépasser. Elle connut cependant un sursaut dans les années 80, à la suite de la proclamation de l'état de guerre par le général Jaruzelski, le 13 décembre 1981. Cette émigration politique, économique par la suite, se concentra sur les grandes villes et la région parisienne. Aujourd'hui les changements survenus en Pologne, et notamment l'ouverture des frontières, avec la suppression des visas, provoquent chaque année de nouvelles venues. Essentiellement temporaires, on ne peut guère parler à leur sujet de flux migratoire, mais plutôt de déplacements. Si la France fut un pôle historiquement et culturellement essentiel pour la Polonia zagraniczna, elle ne fut ni le seul, ni le plus important numériquement. À cet égard les Etats-Unis, le Canada et l'Australie arrivent au premier rang. L'Amérique du sud (Brésil) et l'Angleterre au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, les Pays Scandinaves (Suède) après 81, ont également vu s'installer sur leur sol d'importantes communautés polonaises. La Polonia française présente cependant certaines caractéristiques : son ancienneté, des créations majeures (Bibliothèque Polonaise, la revue Kultura...), son hétérogénéité, liée à des flux migratoires successifs qui devaient mettre en présence des hommes et des femmes qui avaient connu un développement différent et ne se référaient plus ni à la même histoire, ni aux mêmes valeurs, ni à la même Pologne.