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Vous vous souvenez de la conjoncture au début de 2008? Elle était caractérisée par une croissance robuste, la crainte d'une pénurie des ressources et l'envolée du cours des matières premières. À l'époque, on s'était presque mis à redouter l'absence de nouveaux marchés inexploités dans l'économie mondiale. Cette inquiétude a déclenché une quête qui, à son tour, a suscité un intérêt à l'égard de nouveaux marchés prometteurs -- dont la Colombie est un bel exemple. Elle possède non seulement des villes modernes, un solide système financier, un nombre grandissant de consommateurs, mais aussi de vastes ressources à mettre en valeur dans des régions très sous-développées. Alors que l'économie mondiale renoue avec la croissance, comment se porte ce « marché inexploité »? Avant la crise mondiale, la Colombie affichait déjà une croissance impressionnante. De 2004 à 2007, son activité économique s'est accélérée en moyenne d'un peu moins de 6 %. Elle a fait une pause en 2008, mais est rapidement repartie à un rythme respectable, progressant de 6,6 % en 2011, puis inscrivant des gains consécutifs de 4 % au cours des deux dernières années. Le niveau actuel du PIB réel est de 24 % supérieur à celui de 2008, ce qui est un bilan plutôt enviable. En fait, la Colombie est déjà une économie en marche, et il y a fort à parier qu'un raffermissement de l'économie mondiale viendra encore améliorer ses perspectives de croissance. Ce marché est porteur, mais assurer sa croissance ne sera pas une mince affaire. À l'heure actuelle, les infrastructures constituent un frein. Pour preuve, la Colombie occupe le 92e rang de l'Indice mondial de la compétitivité. Par exemple, les coûts de transport de biens à l'intérieur du pays seraient cinq fois supérieurs aux taux de fret entre l'Asie et la Colombie. Conscient de ce problème, le gouvernement s'est lancé dans un ambitieux programme d'investissement dans les infrastructures d'une valeur de 27 milliards de dollars, attribuant 40 concessions en deux ans. Ce coup de barre devrait à court terme imprimer un élan de 1,5 % à la croissance annuelle du PIB. Les exportateurs canadiens sont déjà très présents sur le marché colombien. De 2000 à 2012, le total des marchandises qu'ils y ont expédiées a augmenté annuellement de 8,4 %. Toutefois, le secteur des biens primaires a eu un effet réducteur sur ce taux. Durant ce même intervalle, les exportations de biens à plus grande valeur ajoutée ont enregistré une hausse annuelle de 24 %, passant d'à peine 5 % du total des exportations de marchandises en 2000 à 28 % en 2012. Les exportations se sont repliées en 2013, mais ce recul devrait être passager. Les échanges commerciaux entre le Canada et la Colombie sont dans l'ensemble équilibrés. Les importations visent surtout les denrées agricoles ainsi que les produits du charbon, du pétrole et du gaz naturel. Les investisseurs canadiens sont aussi bien connus en Colombie, tout particulièrement dans le secteur pétrolier et gazier. Le remarquable dynamisme de l'investissement sur ce marché a été freiné par la crise, mais ce dynamisme est depuis en forte progression. De fait, l'investissement direct du Canada en Colombie, qui se chiffre à un peu moins de 1,8 milliard de dollars, est maintenant de plus de 70 % supérieur au sommet de 2008. D'ailleurs, l'Accord de libre-échange Canada-Colombie devrait dynamiser les activités commerciales et d'investissement du Canada durant le prochain cycle de l'économie mondiale. Exercer des activités en Colombie n'est pas sans risque. Il y a tout d'abord la faiblesse des institutions, en particulier du processus réglementaire. L'obtention des permis nécessaires relatifs aux volets environnemental et social peut prendre jusqu'à 24 mois, sans compter que les activités d'exploration minière, pétrolière et gazière demeurent au point mort. Les problèmes persistants de sécurité et la corruption soulèvent aussi de grandes préoccupations. Or, les conflits sociaux sont rapidement en train de devenir l'inquiétude dominante comme entrave aux activités commerciales, les manifestations ayant ponctionné 0,5 % à la croissance annuelle du PIB. Lorsqu'on les juxtapose aux débouchés, ces graves préoccupations peuvent sembler des défis de taille. Pourtant, il existe des solutions permettant d'atténuer les risques. Vu l'immense potentiel de ce marché et ses avantages naturels pour les entreprises canadiennes, EDC a officiellement inauguré cette semaine une nouvelle représentation à Bogotá, soit sa 16e représentation à l'étranger, dans le but de répondre aux besoins actuels et futurs des acteurs économiques du Canada sur ce marché en essor.