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Bourgade modeste des pêcheurs, Agadir (Sainte Croix ou Santa Cruz de Mar Pequeña ou Santa Cruz de Beibeira) signifie « grenier fortifié » en Berbère. L'histoire de la ville débute vraiment au XVIe siècle lorsque les Portugais s'installèrent à Agadir. Ils construisirent au pied de l'éperon montagneux dominant la baie, une forteresse qui devint plus tard le quartier Fonti, à laquelle ils donnèrent le nom de Santa Cruz du Cap de Ghir. Cette forteresse était une étape maritime des Portugais se rendant en Inde. Mohamed Ech Cheikh, fondateur de la dynastie Saâdienne, a libéré la ville en 1541 après un siège de six mois. Trente ans plus tard, son fils, a édifié la Casbah qui domine encore l'océan afin d'éviter le retour des Portugais. Agadir est située dans la riche plaine de Souss qui possède un énorme potentiel en agriculture. Ceci permit aux sultans Sâadiens d'assurer l'âge d'or d'Agadir jusqu'au XVIIe siècle. La ville était connue par l'exportation des dattes, cires, épices et or. En 1572, la Casbah d'Agadir fut construite au sommet de la colline par Moulay Abdallah el-Ghalib quatrième sultan de la dynastie Saadienne, successeur de Mohammed Ech-Cheikh. Au XVIIe siècle, sous le règne de la dynastie berbère du Tazeroualt, Agadir devint un port d'une certaine importance, développant les échanges avec l'Europe. Agadir était un grand port où le drap et le blé européens s'échangeaient contre l'or du Soudan ou de Guinée et le sucre du Souss. Des négociants français, hollandais, danois, anglais, portugais et espagnols ne cessèrent de s'y disputer l'influence, car le port était devenu le débouché du Soudan. Sous le règne du sultan Moulay Ismail (1645-1727) et de ses successeurs, les échanges avec la France régressèrent au profit des Anglais et des Hollandais. D'Agadir partaient notamment de la cire, du cuivre, des cuirs et des peaux. En 1746, les Hollandais installèrent un comptoir au pied de la casbah, sous l'autorité du sultan. Au-dessus de la porte d'entrée de la Casbah, on peut encore voir une inscription hollandaise qui signifie : "Crains Dieu et honore ton roi". Après une longue période de prospérité sous les règnes Saadien et Alaouite, Agadir déclina à partir de 1760, à cause de la prééminence accordée par le Sultan Alaouite Sidi Mohammed ben Abdallah (Mohammed III du Maroc), qui voulait châtier le Souss rebelle, le sultan Mohammed Ben Abdallah décide fermer le port et transférer toutes les activités maritimes vers Essaouira. Ce déclin dura un siècle et demi. En 1789, un voyageur européen fait une brève description d'Agadir: "C'est maintenant une ville déserte, il n'y a plus qu'un petit nombre de maison qui tombent en ruines". En 1911, l'empereur Guillaume II, roi de la Prusse, envoie un croiseur dans la rade d'Agadir, où il essaie d'installer une base navale, e t provoqua ainsi le Coup d'Agadir (conflit franco-allemand). La France s'oppose et propose un consensus concernant les droits allemands. Après de lourds pourparlers diplomatiques. La France abandonne une partie du Congo en faveur de l'Allemagne qui n'exprimera plus d'intérêt impérialiste sur le Maroc. En 1913, la ville comptait moins de mille habitants. Après 1920, sous le protectorat français, un port moderne fut aménagé et la ville connut un premier essor. En 1930, Agadir est devenue une des étapes de la poste aérienne. Saint-Exupéry et Mermoz faisaient là l'arrêt avant qu'ils entreprennent la traversée de l'Atlantique. Dans les années 1950, la ville, très dynamique, avec le développement de la pêche, des conserveries, de l'agriculture, de l'exploitation minière, commençait aussi à s'ouvrir au tourisme. Le 29 février 1960, alors que la ville comptait plus de 40000 habitants, Agadir fut frappé peu avant minuit par un tremblement de terre de magnitude de 5,7 sur l'échelle de Richter quinze secondes ont suffit pour ensevelir 15 000 âmes. Ce fut la catastrophe la plus atroce de l'histoire de la petite ville. Après ce drame la reconstitution de la ville commence, les architectes les plus célèbres ont contribué à faire de la ville l'une des plus modernes du Maroc.