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Voix off Évidemment, vous ne comprenez pas un mot de ce que disent ces enfants. Ils parlent le drehu, une langue canaque que seules 12 000 personnes maîtrisent en Nouvelle-Calédonie. C'est à l'école publique qu'ils apprennent le B.A.-BA de cette langue. Denise Wangane, enseignante de drehu Il y a beaucoup de sons qui sont très difficiles, ils sont même complexes. Voix off En Nouvelle-Calédonie, 20 % des élèves de maternelle apprennent une langue canaque à raison de 7 heures par semaine. La plupart du temps, les enfants étudient la langue de leur île ou de leur tribu. Antoine Lapacas, enseignant de drehu D'après les recherches qui ont été faites, il semblerait que les enfants, ils réussissent mieux dans l'apprentissage dans les autres matières s'ils assimilent bien leur langue maternelle. Voix off Quant à ceux dont la langue maternelle n'est pas canaque, cet enseignement permet de s'ouvrir à la culturelle mélanésienne. Denise Wangane C'est un patrimoine, c'est un héritage à conserver. Je pense que si on ne l'apprend plus, on va le perdre. Voix off Aujourd'hui, 13 langues canaques sont enseignées, toutes complètement différentes les unes des autres. Et c'est même devenu une option au baccalauréat. Mais dans certains coins de la Nouvelle-Calédonie, il est déjà trop tard. Écoutez bien ces deux dames. Elles sont les toutes dernières sur terre à parler le arho. Dernière tentative pour sauver ce qui peut l'être, faire appel à ce jeune homme. Il est collecteur de mots. Il va créer un lexique de arho. À côté d'elles, leurs frères, ils comprennent la langue, mais n'arrivent pas à la parler. Le français a supplanté leur langue maternelle. Lambert Weko, habitant de la tribu Nekliai Pour le poteau, mais on n'arrive pas à trouver le mot, parce qu'on dit poteau. Voix off Vous dites en français alors ? Lambert Weko Oui, oui. Voix off Retranscrire les langues canaques est particulièrement difficile, car la plupart n'ont jamais été écrites. Certaines ont jusqu'à 24 voyelles et autant de consonnes. Pour les linguistes, ce sont de vrais trésors. Noellye Goyetta-Poinde, locutrice de arho Si je pars ou si je meurs, mais la langue elle se meurt aussi avec moi. Parce qu'il y a juste moi qui parle. Peut-être s'il y a un dictionnaire, les enfants, ils vont apprendre ça dans le dictionnaire. Voix off Selon l'UNESCO, sur les 28 langues canaques, 19 sont en voie de disparition. Pour le arho, il est sans doute trop tard. Alors dans la tribu de Nekliai, on aime écouter les deux vieilles dames parler. Leurs mots sont des trésors.