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Un peut d'Histoire... Étymologie : Dans le Codex Cumanicus, dictionnaire couman, persan et latin, mais aussi glossaire et index thématique servant à décrire les peuples en contact avec les coumans de l'époque, les cosaques (sous la forme « quzzaq ») y sont mentionnés comme étant des sentinelles, des gardiens ayant pour fonction de défendre la steppe des ennemis tatars. Côté étymologique, le terme slave « cosaque » (Kazak en russe, Kozak en Ukrainien, Polonais et Serbe) est probablement un dérivé du turco-mongol Qazaq, un vocable qui se retrouve dans de nombreuses langues de même souche et qui signifie « homme libre », ou « sans attache », par extension vagabond ou aventurier. Le lien avec le soldat ou le garde indépendant décrit dans le Codex Cumanicus est donc des plus logiques puisque le mercenaire est un homme travaillant pour son propre compte. En France, un peu grâce aux guerres napoléoniennes, le terme est connu. Il s'agit d'un peuple mi-guerrier, mi-paysan, installé sur les frontières de l'empire russe, qui se définit essentiellement par son statut juridique. Les cosaques ne constituent pas vraiment un groupe ethnique. Même s'ils sont majoritairement slaves et tous orthodoxes. Constituées, à l'origine, de paysans libres, de serfs évadés installées depuis le IXe siècle au sud de la Russie, ces communautés s'étaient établies aux frontières méridionales de l'empire où elles avaient créé des sociétés militaires et paysannes originales. Ces populations qui ne purent être vaincues militairement finirent par établir une sorte de contrat politique avec le Tsar. En échange d'une grande autonomie, les cosaques furent chargés de défendre les frontières de l'empire. Ils ne payaient pas l'impôt, ne connaissaient pas le servage, ni le système féodal. La contrepartie était un service militaire très long dans les armées du Tsar, dont les modalités les plus proches de l'époque moderne ont été fixées par une loi de 1875. Dès l'âge de 18 ans le cosaque devait se présenter aux autorités de sa stanitza (commune). Il devait vingt ans de service, trois ans de service préparatoire puis douze ans de service actif avec un système où, par roulement, un tiers des effectifs était sous les drapeaux et les autres, mobilisables à tout moment. Au bout des douze ans il était versé pour cinq ans dans la réserve. De l'avis des spécialistes et de tous leurs contemporains (qu'ils les aient observés, fréquentés ou combattus), c'étaient certainement les meilleurs cavaliers du monde, mais constituaient une troupe parfois peu disciplinée avec une tendance à n'obéir qu'à ses chefs, au moins tant que ceux-ci ont continué d'être élus. Pour cette raison, et ensuite par tradition, ils ne furent jamais répartis dans la cavalerie russe régulière, mais toujours groupés en unités séparées avec leurs propres grades, leurs uniformes. Les cosaques furent également utilisés à toutes les basses besognes de l'Empire, notamment les répressions des grèves et des émeutes. Ils étaient très fiers de leur statut et se considéraient à juste titre comme « à part » dans la société russe. On était cosaque de père en fils, mais il était possible, au moins jusqu'au XVIIe siècle, de le devenir autrement : il suffisait de passer la frontière qui délimitait leur territoire, de se présenter à la première stanitza que l'on rencontrait et de s'y faire inscrire. Il est à noter enfin, que, longues absences des hommes obligent, les femmes cosaques étaient connues pour être des « maîtresses femmes » en raison de leur émancipation et de leur détermination. On peut comprendre que les cosaques aient pu, un temps, être attirés par l'idéologie communiste. Traditionnellement la société cosaque est égalitaire, démocratique, et le kolkhoze est une forme d'organisation de la production agricole très proche de celle à laquelle ils étaient habitués depuis des siècles, puisqu'ils cultivaient une partie importante de leurs terres en commun. Mais il y avait deux points du marxisme-léninisme inacceptables pour eux : l'athéisme (la religion orthodoxe est un élément fondamental de l'identité cosaque) [4], et le centralisme (leur autonomie en étant l'autre élément essentiel). Les cosaques rêvaient même, à la faveur de la révolution, de pouvoir retrouver l'ensemble de leurs prérogatives perdues au XVIIe siècle comme, par exemple, l'élection de la totalité de leurs chefs. C'est plutôt à contrecœur, et pour des raisons strictement militaires qu'il firent alliance avec les « blancs », n'ayant quasiment rien en commun avec ces aristocrates qu'ils méprisaient et considéraient comme des exploiteurs. Au fond, seule la religion orthodoxe les rapprochait, même pas l'amour de la patrie russe, les cosaques ne se sentant liés qu'aux Tsars, directement, et uniquement à leurs territoires.