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Le seul nom d'orchidée a toujours suscité une sorte de fascination du grand public et des scientifiques, et la découverte de nouvelles espèces exotiques, toujours plus belles, toujours plus rares, a longtemps donné à ces joyaux un caractère mystérieux... Mais savez-vous qu'il n'est pas nécessaire de partir au fond de la forêt tropicale pour découvrir ces curieuses fleurs, car elles poussent également chez nous dans toutes sortes d'endroits. Elles sont plus petites que leurs soeurs exotiques bien sûr, mais en ont cependant le même aspect et souvent la même beauté quand on sait les regarder de tout près. Les pelouses sèches et les près à eux seuls abritent de nombreuses espèces, du plus petit ophrys imitateur d'insecte, au géant orchis bouc et ses étranges fleurs aux longs pétales torsades. Festival de couleurs également, tant les orchidées sont capables de varier leurs costumes en même temps que leurs formes. Elles peuvent être solitaires et cachée au milieu des grandes herbes, ou au contraire s'étaler au grand jour et en tâches imposantes. Elles ne manquent pas non plus de s'installer dans les endroits humides, au milieu des hautes herbes coupantes, là où bien peu de fleurs daignent prendre racine. Changement de décor, de couleur encore, de formes toujours avec la fleur du Sabot de Vénus. C'est la plus belle et la plus grosse de toutes les orchidées françaises, peut-être également la plus rare et la plus menacée de disparition. Pas très loin d'elle, dans le même coin de forêt, pousse son inverse complet : c'est la plus petite des orchidées, sans feuilles, aux minuscules fleurs verdâtres, et qui n'a pour elle que son nom : racine de corail. Et même lorsque la forêt se fait encore plus sombre, et que pratiquement plus rien ne pousse, les orchidées n'abandonnent pas le terrain. On en retrouve encore une. Elle a perdu sa chlorophylle, et est obligée de vivre aux dépens de la matière végétale en décomposition, ce qui ne l'empêche d'ailleurs pas de dégager un fin parfum de miel... Mais pourquoi cette débauche de formes, de couleurs, et d'odeur aussi ? Eh bien, comme beaucoup de fleurs, les orchidées doivent s'allier avec les insectes, les séduire pour survivre, et elles ont décidé de les mener par le bout du nez... Tout d'abord, elle cachent au plus profond d'un long cornet, leur nectar, le liquide sucre tant convoité par les mouches et autres papillons. Et pour les attirer encore, rien n'est trop beau : un pétale de forme particulière le labelle, fera office de piste d'atterrissage. Il est orné de lignes, de points de couleurs, qui servent à guider le visiteur dans la bonne direction. Et si cela ne suffit pas, les orchidées font mieux encore : certaines d'entre elles imitent la forme de l'insecte. Tout y est semble-t-il : la tête ornée de des petites antennes, les yeux bien entendu pour ajouter à la vraisemblance... et jusqu'à l'aspect poilu et velouté du labelle qui rappelle le corps velu des bourdons. Sans parler des odeurs émises par la fleur... Le piège a fonctionné et les insectes butinent avidement. Mais en échange, ils vont s'acquitter dans le vouloir d'un petit service. La clé de l'énigme se tient dans le petit casque vert de cette fleur d'ophrys. En butinant au fond de la cavité, l'insecte se verra coller sur la tête ou le dos deux précieux sacs de pollen, comme le montre cette petite manipulation. Le but sera alors atteint car c'est dans ces deux petites masses jaunes que repose tout l'avenir de l'orchidée. Puis la victime de la supercherie s'en va, affublée de deux drôles de cornes dont il est tout à fait inutile de chercher à se débarrasser, car la colle tient bon. Le rôle de l'insecte sera complètement terminé lorsqu'il ira visiter une autre orchidée et la fécondera au passage avec son précieux chargement de pollen. Dès lors le jeu de la séduction s'arrête rapidement pour l'orchidée qui se fane, tandis que des millions de graines, les plus petites du monde, mûrissent dans les unenes gonflées, en attendant d'être dispersées par le vent.