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La Préhistoire est une période courte –quelques milliers d’années seulement, même pas 0,5 % de l’immensité des temps préhistoriques- mais extrêmement dense en nouveautés et en changements décisifs, avec la disparition progressive des derniers chasseurs-cueilleurs-collecteurs et l’arrivée par l’Est des premières sociétés agro-pastorales, les deux évènements étant bien entendu intimement liés. « L’agriculture (…) est incontestablement un progrès face aux incertitudes des chasseurs-collecteurs : c’est la maîtrise des ressources ! » dit Olivier Lemercier, préhistorien à l’Université de Bourgogne (Dijon). Cette pratique apparaît tout d’abord au Proche-Orient, berceau des Natoufiens (-12 à -10 000 ans environ, soit 10 à 8 000 av. J.-C.), des chasseurs-cueilleurs - déjà sédentaires - de la fin du Paléolithique, qui ramassent légumineuses et céréales sauvages, riches en nutriments, bien avant qu’on ne les cultive. Tracer l’émergence de l’agriculture constitue un défi important pour les archéologues. Variétés domestiques : une « fausse piste » ? L’équipe de George Willcox, paléobotaniste au CNRS, en étudiant des grains issus de plusieurs sites du Proche-Orient (le fameux « Croissant fertile »), confirme l’apparition des premières céréales domestiques vers -10 500 ans, au côté de formes sauvages persistant longtemps. Mais elle montre aussi, en cultivant expérimentalement, sur des années, de l’engrain (variété de blé sauvage du Proche-Orient), que les caractères domestiques de ce type de céréales - le maintien des grains sur l’épi à la place d’une dispersion au sol, notamment - n’apparaissent pas quasi-immédiatement, comme on le croyait, mais au contraire très progressivement. Dater les débuts de l’agriculture en datant, dans les vestiges archéologiques, l’apparition de ces grains mutants (induits peu à peu par la pression sélective de l’homme), est donc trop approximatif.