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Livre vert sur la politique bioalimentaire Le ministre Corbeil déçoit tout le monde Les agriculteurs et les citoyens qui avaient mis de l'espoir dans les réformes recommandées par le Rapport Pronovost sur l'avenir de l'agriculture au Québec et qui attendaient depuis plus de deux ans de connaître et débattre les solutions retenues par le gouvernement ont été amèrement déçus lors de la présentation du fameux Livre vert par le ministre Pierre Corbeil le 7 juin dernier. L'incertitude et la confusion qui en a résulté sont généralisées, aussi bien chez les opposants au rapport Pronovost que chez ses défenseurs. Un document où le gouvernement se défile une fois de plus En effet, le Livre vert dévoilé à cette occasion a plutôt l'allure d'un Livre blanc, puisqu'il s'en tient à des principes généraux sur la mise en valeur des aliments du Québec sans prendre position sur aucun des enjeux soulevés par le rapport Pronovost et sans proposer aucune des modifications législatives recommandées pour relancer notre agriculture. Le ministre Corbeil pousse même l'odieux jusqu'à refiler la balle encore une fois aux citoyens en leur demandant de venir répondre en commission parlementaire à une série de questions (auxquelles il a toutes les réponses) en vue d'éventuelles modifications aux lois actuelles. Le désengagement du gouvernement Ce que ce comportement indique clairement, c'est que le gouvernement repousse toujours plus loin les décisions à prendre parce qu'il a peur d'affronter le mécontentement de ceux qui contrôlent le secteur, c'est-à-dire, les grandes chaînes d'alimentation, les grands intégrateurs-producteurs qui empochent 90% de l'aide financière et l'Union des producteurs agricoles, qui, grâce au monopole d'accréditation qu'elle détient, contrôle la mise en marché de 5 milliards de produits agricoles. Le resserrement des normes de l'assurance agricole, réalisé par le ministre Béchard, et la mise en place de quelques réformes mineures et de quelques programmes marginaux, avait pu laisser croire qu'il y avait une volonté au Ministère de l'Agriculture d'appliquer les recommandations du rapport Pronovost. Mais maintenant que le gouvernement a colmaté l'hémorragie financière de la Financière agricole, qui avait accumulé un déficit de plus de un milliard et demi, il devient évident que le gouvernement n'est pas intéressé à procéder aux réformes structurelles recommandées au chapitre de la répartition de l'aide financière aux différents types d'entreprises agricoles, de la promotion de l'agriculture de proximité et de l'agriculture biologique, de l'adaptation des structures de mise en marché contrôlés par les syndicats de l'Union des producteurs agricoles, de l'accès aux produits locaux dans les marchés. Le ministre a entrouvert la porte à une adaptation du zonage agricole aux particularités régionales, mais il a de nouveau fermé la porte à une remise en question du monopole syndical de l'UPA en prétendant qu'il appartenait aux agriculteurs d'en décider, alors que la représentation par une association de son choix est un droit reconnu, en plus d'être une condition essentielle à la diversification de notre agriculture. Gagner du temps La Commission parlementaire qui se tiendra l'automne prochain sera donc une perte de temps et n'aura pour but que de permettre au gouvernement de gagner du temps et de s'assurer qu'aucune modification législative importante ne soit votée avant la fin de son mandat. Pendant ce temps, la situation des agriculteurs indépendants, qu'ils soient marginaux ou conventionnels, continuent à se détériorer. Les producteurs indépendants (non affiliés à un intégrateur), dans les productions en difficulté (toutes sauf dans le lait et la volaille), ont souffert des récentes coupures de l'ASRA : ils sont de plus en plus nombreux à se faire avaler par les grands intégrateurs. Les fermiers biologiques et de proximité pour leur part sont forcés de rester confinés dans des productions et des marchés marginaux. De sorte qu'il sera bientôt trop tard pour tenter de reprendre le contrôle de notre agriculture et de notre alimentation. C'est sans doute le véritable objectif d'un gouvernement qui se veut au service de la grande entreprise privée.