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Les Kanak, premiers occupants de la Nouvelle-Calédonie : -- Il y a trois mille cinq cents ans environ, les Kanak, Mélanésiens de Nouvelle-Calédonie, s'installent sur la Grande Terre et aux îles Loyauté. Leur présence, ancienne dans l'archipel, alors encore inoccupé, est attestée par des poteries caractéristiques de toutes les premières implantations océaniennes. De très nombreux témoignages montrent qu'ainsi la civilisation kanak a développé dans tous les domaines, à partir d'une souche unique, des particularismes marqués : invention d'un nouveau genre de poterie et de plusieurs styles de sculpture, gravures dans la pierre de dessins énigmatiques (pétroglyphes), peintures rupestres, créations d'institutions politiques et matrimoniales distinctes. --- L’arrivée de l’homme blanc : -- La concurrence entre Anglais et Français activa l'expansion européenne dans le Pacifique. Cette querelle géostratégique prit le tour d'une guerre de religion. Catholiques et protestants, exaltés par l'idée d'amener à Dieu les derniers sauvages, se disputaient à Tahiti, aux îles Marquises, en Nouvelle-Zélande le monopole de l’évangélisation des Océaniens. L'annexion de la Nouvelle-Calédonie en 1843 fut ainsi le résultat de la conjonction des intérêts bien compris de l’Eglise et du second Empire. Mais, pour des raisons diplomatiques, ce n’est que 10 ans plus tard, le 24 Septembre 1853, que Febvrier-Despointes, sur les ordres de Napoléon III s’empare officiellement de la Nouvelle-Calédonie où ce dernier compte créer une colonie pénitentiaire(d'ou l'origine Bagnarde d'une grande partie de la population venue europe) à l’instar des Anglais en Australie. ----- La découverte du Nickel par Jules Garnier au xixe siècle (1864) scella le destin de ce beau pays. La politique de terre de grande punition ayant échouée, les gouvernants parisiens mettent fin à l’expérience néo-calédonienne. A partir de 1894, le gouverneur Feillet veut redresser la situation. Il introduit, à grands renforts de publicité, une centaine de familles d'agriculteurs français, principalement dans les vallées de la côte Est (côte la plus fertile). A charge pour eux de cultiver du café afin de développer le pays. Quelques-uns de ces nouveaux pionniers, dont les terres proviennent des dernières réquisitions brutales du patrimoine foncier kanak, vont s'accrocher avec énergie à leurs hectares. L’essentiel du peuplement se disperse alors dans des fermes installées sur des domaines plus ou moins vastes. Cette expansion urbaine et rurale de la colonie prive peu à peu les Kanak de leurs terres, presque sans compensation. Concéquences, dans les trois premières décennies de la colonisation, plus de vingt révoltes éclatèrent. Aux casse-tête, haches, frondes et sagaies des autochtones, l’armée oppose son artillerie, ses fusils et exploite les rivalités entre Kanak. Le problème Kanak persiste jusqu’à la seconde Guerre Mondiale où la guerre du Pacifique porta à la société calédonienne un premier coup. En 1942 débarquent sur une Nouvelle-Calédonie ankylosée plus de cent mille soldats américains soit plus de deux fois la population de l'archipel. Ils apportent leur matériel ultramoderne, leurs dollars, leur formidable esprit d'entreprise et d'innovation. Le choc moral n'est pas moins grand, les Mélanésiens remarquent que des officiers noirs commandent de simples soldats blancs. Les Américains donnent l'exemple d'un dynamisme qui ne semble pas s'embarrasser de préjuges sociaux et raciaux. Inspirés par les luttes du Tiers monde et la contestation étudiante en Europe, les tout premiers bacheliers kanak dénoncent par des gestes spectaculaires, à partir de 1969, la marginalisation économique et le racisme qui frappent leur communauté. La soif de justice des Mélanésiens liera désormais indissolublement revendication de souveraineté et revendication foncière. -- La radicalisation : -- En 1977, lasse d'être privée de l’outil institutionnel (l’autonomie interne) qui permettrait peut-être de combattre les iniquités criantes du Territoire, l'Union Calédonienne rejoint les tenants de l’indépendance kanak. La plupart des Européens membres de l’U.C. s’inquiètent de ce changement d'attitude et se tournent vers le R.P.C.R. (Rassemblement pour la Calédonie dans la République) branche locale du R.P.R. de métropole. S'y regroupent pêle-mêle tous ceux qui s'opposent à l’émergence d'un pouvoir mélanésien respecté. La bipolarité politique de la Nouvelle-Calédonie creuse ainsi un fossé entre deux blocs historiques : celui des autochtones (Kanak) et celui des gens venus d’ailleurs.