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Nernier, le village des riches. ( http://www.lepoint.fr/villes/nernier-le-village-des-riches-07-02-2013-1635807_27.php ) text de Ian Hamel "Dans la grande salle de la mairie de Nernier trônent deux imposants tableaux du peintre italien Enrico Vegetti, tombé amoureux de ce village médiéval au point de s'y installer au début du XXe siècle. Alphonse de Lamartine s'était lui aussi laissé séduire en 1815 par ses ruelles pavées et ses maisons en pierre de taille. Une plaque, à deux pas de la mairie, raconte qu'il y vécut la vie simple des pêcheurs. Aujourd'hui, il n'y a plus de pêcheurs professionnels, plus d'agriculteurs, plus un seul magasin à Nernier. Juste une poignée de restaurants réputés à deux pas du petit port. La bourgade, à un coup d'accélérateur de la frontière suisse, ne sera bientôt plus qu'une résidence secondaire pour étrangers fortunés. Pour agrandir sa propriété, un Qatarien achète ainsi, parcelle après parcelle, le mètre carré de terrain agricole au prix du bâti. Résultat, Nernier est devenue la commune où les habitants de la région sont le plus riches. Mais ce sont des administrés que François Luginbühl, le maire, ne connaît même pas. Ils se font construire de coquettes villas au bord des rives et entourent leurs propriétés de très hautes haies pour ne pas être dérangés par les voisins. Ils sont diplomates, médecins, rentiers, hôtesses de l'air. Ils sont russes, roumains, italiens, néerlandais, anglais. Nernier compte 438 habitants et près de 25 nationalités. Et, bien évidemment, il y a les Suisses. Chassés de leur pays par les riches exilés fiscaux qui accaparent les rives du lac de l'autre côté, ils viennent coloniser les berges tricolores, moins onéreuses. Le problème, c'est qu'ils prétendent n'être qu'en résidence secondaire, conservant une boîte aux lettres à Genève. En conséquence, Nernier, comme les communes voisines, ne perçoit pas les "fonds frontaliers", versés par la cité de Calvin pour chaque salarié travaillant et payant ses impôts dans le canton, mais habitant en France, qu'il soit français ou suisse."Nous avons le projet d'inverser la tendance, assure François Luginbühl . Nous devons réaliser au moins six logements dits aidés pour accueillir une population de jeunes ménages sur un terrain de réserve foncière. Nous projetons également de construire quelques habitations plus accessibles que les maisons individuelles. Cela dit, nous ne sommes pas contre les étrangers." Seigneurs. Cette situation est intimement liée à l'histoire du château de Nernier, propriétaire de presque toutes les terres de la commune. Ces seigneurs venus d'Antioche conservent leur domaine jusqu'à la Révolution. Confisqué alors comme "bien national", le château est racheté peu après par les Brotty d'Antioche. Plus récemment, le domaine appartenait à l'ambassadeur Bruno de Leusse de Syon, l'un des négociateurs des accords d'Evian, décédé en 2009. Quand le propriétaire a vendu ses terres pour créer un lotissement doté de grandes parcelles de 2 000 mètres carrés, les pieds dans l'eau, seuls des gens fortunés ont pu les acheter. Pas les Néroniens."