Face à l’intensification des aléas météorologiques et aux dérèglements climatiques, les acteurs du secteur primaire adaptent leurs pratiques pour garantir la sécurité alimentaire et la préservation des écosystèmes. En combinant savoir-faire ancestral et innovations techniques, ils s’efforcent de renforcer leur résilience tout en améliorant la durabilité de leurs activités agricoles et halieutiques.
Approches agronomiques pour anticiper les aléas climatiques
Les exploitants agricoles misent sur une palette de méthodes éprouvées pour limiter l’impact du climat sur la production. La diversification des cultures est souvent privilégiée, car elle réduit la vulnérabilité liée à un seul type de plante. Parallèlement, l’agroécologie permet de restaurer la fertilité des sols et de favoriser la biodiversité locale :
- Rotation des cultures et implantation de légumineuses pour fixer l’azote atmosphérique ;
- Engrais verts et compostage pour enrichir la matière organique ;
- Systèmes agroforestiers intégrant arbres et haies pour limiter l’érosion ;
- Irrigation de précision avec capteurs afin de réduire le gaspillage hydrique.
Ces pratiques, en plus de sécuriser les rendements, permettent de limiter l’emploi d’intrants chimiques et de renforcer les capacités de rétention en eau du sol. Les fermiers combinent aussi des semences adaptées à la sécheresse ou à la chaleur excessive, issues de programmes de sélection variétale ou de banques de gènes.
Gestion financière et dispositifs d’assurance agricole
La variabilité croissante des précipitations et l’explosion des épisodes extrêmes entraînent une forte incertitude sur les résultats économiques des exploitations. Pour y faire face, de multiples mécanismes financiers ont été développés :
- Souscription à des contrats d’assurance récolte modulés en fonction du risque (paramétrique ou indemnitaire) ;
- Mise en place de fonds de solidarité régionaux ou nationaux pour soutenir les agriculteurs sinistrés ;
- Programmes de subventions et de prêts à taux préférentiels destinés à financer des infrastructures de rétention d’eau ou des serres performantes ;
- Mutualisation des équipements et création de coopératives pour limiter les coûts en période de faible trésorerie.
Ces outils financiers sont complétés par des systèmes de prévision météorologique de plus en plus fiables, qui aident les exploitants à planifier leur calendrier cultural et à déclencher les couvertures d’assurance au moment opportun. Un suivi rigoureux des indicateurs climatiques permet ainsi de maîtriser les risques et de stabiliser le revenu sur le long terme.
Technologies et innovation au service de la résilience
La transition numérique offre aujourd’hui de nouvelles armes pour contrer l’incertitude climatique. Les agriculteurs connectés exploitent des solutions high-tech pour piloter finement leurs activités :
- Usage de drones et de télédétection pour surveiller la vigueur des cultures et détecter précocement le stress hydrique ;
- Installation de capteurs IoT en sol et en atmosphère pour collecter en temps réel des données sur l’humidité, la température et la qualité du sol ;
- Modélisation big data et intelligence artificielle pour anticiper les rendements et ajuster les intrants ;
- Applications mobiles offrant des conseils personnalisés en agronomie et un suivi du marché afin de sécuriser les décisions de vente.
L’intégration de ces technologies se traduit par une réduction significative de la consommation d’eau et d’engrais, tout en optimisant les coûts de production. L’innovation digitale facilite également la traçabilité des produits, gage de qualité pour les consommateurs soucieux de l’origine et de la durabilité de leur alimentation.
Stratégies de la pêche face aux changements marins
Les professionnels de la pêche sont eux aussi confrontés à des perturbations majeures : élévation de la température des eaux, acidification des océans, modification des routes migratoires des espèces. Pour maintenir les stocks et préserver la pêche durable, plusieurs approches sont mises en œuvre :
- Adaptation des quotas de capture en fonction des relevés scientifiques et des recommandations internationales ;
- Développement de l’aquaculture pour diversifier la production et soulager la pression sur les populations sauvages ;
- Utilisation de dispositifs de réduction des prises accessoires (Dispositifs Échappement Poisson) afin de limiter l’impact sur la biodiversité marine ;
- Coopération transfrontalière pour mettre en place des aires marines protégées et des zones de reproduction sanctuarisées.
En combinant surveillances océanographiques, régulations strictes et techniques de pêche sélectives, la filière halieutique vise à concilier exploitation responsable et préservation des écosystèmes. Cette démarche implique une collaboration étroite entre pêcheurs, scientifiques et pouvoirs publics, garantissant une gestion fondée sur des données robustes et des objectifs communs.