L’agriculture et la pêche jouent un rôle central dans la lutte contre le réchauffement climatique, non seulement comme secteurs vulnérables aux perturbations environnementales, mais aussi comme leviers d’actions durables. Améliorer les pratiques agricoles, protéger les ressources marines et favoriser les synergies entre ces deux activités est indispensable pour renforcer la résilience des écosystèmes et des communautés rurales et côtières.
Solutions agricoles pour atténuer les émissions de carbone
Face à l’urgence climatique, l’adoption de pratiques agricoles à faible empreinte carbone est devenue prioritaire. L’agroécologie propose des méthodes inspirées des processus naturels, telles que la rotation des cultures, l’association de légumineuses et céréales, ou l’intégration de haies et arbustes pour créer des corridors écologiques. Ces techniques favorisent la biodiversité du sol et limitent l’usage de produits chimiques, réduisant ainsi les émissions de gaz à effet de serre (GES).
De plus, la séquestration du carbone dans les sols est un levier majeur pour capter durablement le CO₂ atmosphérique. Les pratiques suivantes contribuent à augmenter la matière organique :
- Couverture permanente du sol par des engrais verts et des paillis.
- Labour réduit ou agriculture de conservation pour préserver la structure du sol.
- Apport de compost et de matières organiques issues des exploitations.
Ces mesures renforcent la fertilité des terres tout en limitant l’érosion et la perte de nutriments. Par ailleurs, l’intégration d’arbres en plein champ dans le cadre de l’agroforesterie améliore le bilan carbone global et crée des habitats pour la faune, enrichissant les services écosystémiques.
Gestion durable de la pêche et protection des océans
La pêche industrielle constitue une source non négligeable d’émissions liées à la consommation de carburant et à la destruction des écosystèmes marins. Pour contrer ces effets, la pêche durable repose sur des quotas appropriés, la limitation des engins de capture destructeurs et l’amélioration de la chaîne de valeur pour réduire le gaspillage.
Les pratiques clés incluent :
- La mise en place de zones de pêche régulées et de réserves marines pour permettre la reconstitution des stocks.
- L’utilisation d’engins sélectifs qui limitent les prises accessoires et les dommages aux fonds marins.
- Le développement de la pêche artisanale locale, moins énergivore et souvent plus respectueuse de la ressource.
Par ailleurs, l’aquaculture durable, lorsqu’elle est bien gérée, peut contribuer à la sécurité alimentaire tout en réduisant la pression sur les espèces sauvages. Les fermes marines intégrées, associant algues, coquillages et poissons, valorisent les flux de nutriments et améliorent la efficacité écologique.
Synergies entre agriculture et mariculture
La cohabitation de l’agriculture et de la pêche peut générer des synergies bénéfiques. Par exemple, les systèmes de riziculture en eau peuvent être associés à l’élevage de poissons (roliculture), offrant simultanément des rendements céréaliers et piscicoles tout en améliorant la qualité de l’eau par la biodégradation des résidus organiques.
De même, l’intégration de zones humides artificielles sur les exploitations agricoles permet de traiter les effluents et de créer des habitats pour les espèces aquatiques. Ces zones filtrantes contribuent à l’épuration de l’eau et à la régulation du cycle hydrologique, tout en offrant des ressources halieutiques additionnelles.
Enfin, la valorisation des co-produits agricoles comme engrais organiques dans les exploitations aquacoles ferme un cycle vertueux, économisant les intrants chimiques et réduisant les émissions de GES. Cette approche circulaire renforce l’innovation et la durabilité des systèmes alimentaires intégrés.
Innovations technologiques et mobilisation citoyenne
La transition vers des pratiques plus vertueuses s’appuie aussi sur le numérique et les nouvelles technologies. Les capteurs dans les champs et bateaux de pêche connectés permettent de suivre en temps réel les variables climatiques, la santé des cultures et des stocks marins, et d’ajuster les interventions avec précision. L’agriculture de précision réduit l’usage d’intrants et optimise la consommation d’eau.
Parallèlement, la sensibilisation des consommateurs aux origines des produits et à leur impact environnemental encourage la demande pour des aliments issus de filières durables. Les labels environnementaux, les circuits courts et l’économie collaborative renforcent la participation collective à la protection du climat.
La coopération internationale est également essentielle : échanges de bonnes pratiques, financements climat et programmes de formation favorisent la diffusion de solutions adaptées à chaque contexte. L’implication des acteurs locaux garantit l’appropriation et la pérennité des actions.